Névrose, psychose ou état limite ?

On en parle beaucoup, c'est très médiatisé. Mais connaît-on vraiment les différences qui existent entre ces trois troubles de la personnalité ? Moi-même je vous avoue que j'ai mis un peu de temps avant de saisir les nuances.

La névrose est un trouble psychique qui résulte d'un conflit inconscient, sans perte de contact avec la réalité. Par exemple ce sera un conflit entre des pulsions et le "surmoi" qui est l'instance contenant les règles socioculturelles et éducatives. La névrose obsessionnelle par exemple est assez répandue.

L'état limite (nommé aussi borderline)se définit par une grande instabilité émotionnelle. On le nomme ainsi justement parce que cet état pourrait être situé à la limite entre la névrose et la psychose. Il peut y avoir des symptômes spécifiques à l'état limite. En ce moment on en parle beaucoup, les fameuses personnes dites "borderline"...

Enfin la psychose est un état pathologique qui entraîne une perte de contact avec la réalité. Elle peut être accompagnée de symptômes dits "positifs" c'est à dire qui peuvent être en excroissance, se voir car ils se manifestent directement. La psychose paranoïaque est l'une des plus connues.

Mais la vraie question est d'ordre technique : d'où viennent ces troubles ? Par quels mécanismes sont-ils générés ? C'est une excellente question qui occupe l'esprit des psys depuis assez longtemps. Apparemment, qu'il s'agisse de la névrose, de l'état limite ou de la psychose, le point commun est clairement situé autour de l'idée de conflit intra psychique. Quelque chose s'est produit à un certain stade de la vie psychique et à perturbé son équilibre. C'est peut-être plus remarquable dans le cas de l'état limite ou de la psychose qui, souvent, impliquent un ou plusieurs vécus traumatiques. La psychanalyse a tenté de théoriser leurs genèses en ayant recours à des théories parfois assez alambiquées, comme dans le cas de la psychose. En fait la personne se fragmenterait et ne pourrait s'associer à la réalité car pour elle cette réalité en tant que "tierce" séparatrice, n'existerait pas ! Cela a à voir avec le lien mère-enfant, pour changer un peu !

Les approches neurologiques sont évidemment aussi pertinentes. Par exemple dans le cas de la schizophrénie qui a longtemps été seulement considérée du point de vue de la psychanalyse jusqu'à ce que nous découvrions qu'elle aurait des composantes génétiques...

Bref, un vaste sujet. Si vous souhaitez le faire vivre n'hésitez pas !

J'ai la grande chance d'avoir parmi mes proches des personnes qui souffrent ce ces maladies, particulièrement la psychose paranoïaque par ma mère, et l'état limite par mon ex-mari.
Concernant la névrose, j'ai surement quelques névrosés autour de moi mais comme on l'est tous un peu, c'est peut-être plus "commun".

Du coup je trouve que même si le nom de la maladie est différent, il y a quand même des similitudes dans les comportements, même s'il y a des nuances aussi.

Je me suis souvent posé la question du "pourquoi", mais je ne suis pas psychiatre et ma conclusion -simpliste mais compréhensible facilement- est que le cerveau est un organe comme un autre (et même très complexe) et qu'il peut avoir des disfonctionnements.
Il peut y avoir des "déclencheurs" dans le vécu, mais pour moi, il y a quand même à un moment ou à un autre un truc physiologique qui fait que ça ne fonctionne plus comme prévu. Cela explique aussi les réactions différentes suite à des situations traumatisantes différentes...

Loba a écrit:... la psychose paranoïaque par ma mère

A-t-elle toujours été ainsi ou sa psychose s'est développée et aggravée avec le temps ?

C est comme les dépressionset certaines maladies mentales, y a un terrain héréditaire, y a un parcours de vie

Je partage ton point de vue Loba.
Je crois aussi que les origines psychologiques de ces troubles mentaux ne représentent que des facteurs déclencheurs.

Je trouve que les théories psychanalytiques sur la genèse des psychoses sont vraiment délirantes ! Celles de Jacques Lacan sont carrément capilotractees ! Le problème pour moi c'est que ce sont des théories qui sont enseignées comme des vérités dogmatiques dans certaines universités !

Je vous recommande l'excellent ouvrage du docteur Boris Chaumette :"Schizophrénie et génétique, un ADN de la folie ?" Aux éditions humenSciences, il y explique bien comment la biologie montre que les troubles psychiques viennent aussi de facteurs physiologiques parfois ataviques.
C'est un mélange de vécus et d'hérédité, comment peut-on dire qu'une maladie mentale n'a qu'une seule cause ? On peut avoir un terrain plus ou moins sensible, encore faut-il que le contexte joue son rôle.

La maman de mon oncle par alliance (une femme très gentille par ailleurs) était atteinte de psychose paranoïaque, l'un de ses "symptômes" était caractérisé par une perception déformée de son environnement. En effet, elle disait que des caméras la surveillaient en permanence. Je crois qu'elle s'en était remise plus ou moins. Je pense que la recherche dans le domaine des neurosciences pourra nous aider à traiter ce type de trouble. Il est clair que cela ne suffit pas, si la personne ne bénéficie pas d'un environnement aimant et protecteur...

Happy67 a écrit:

Loba a écrit:...  la psychose paranoïaque par ma mère

A-t-elle toujours été ainsi ou sa psychose s'est développée et aggravée avec le temps ?

En fait, c'est très difficile de savoir... Car le principe de la psychose paranoïaque, c'est qu'on n'a pas conscience d'être malade, tout est de la faute des autres.

Le diagnostic a été posé il y a environ 20 ans, elle avait 60 ans (donc à peu près mon âge, gloups...) mais une fois que ce diagnostic est fait, on a fait des liens avec des histoires qui se sont produit dans le passé, et même la façon dont elle m'a élevée.
Suite à un accompagnement psy, j'ai pris conscience que la façon dont elle s'est occupée de moi dans mon enfance pouvait être en lien avec une psychose existante, sachant que les parents psychotiques sont souvent de très bon parents pour les petits enfants car l'enfant représente une continuation d'eux même.
Ce qui fait que sans nul doute, j'ai reçu beaucoup d'amour. Mais en même temps l'autorisation de grandir ne m'a pas été accordée car c'est une option qui n'existait pas dans la tête de ma mère.

Mais à quel point en était sa psychose à ce moment là ? je ne le saurait jamais. mais il ne fait aucun doute que ce n'est pas parce qu'on l'a su d'un coup, que c'est vraiment venu d'un coup...

Psycholive a écrit:
C'est un mélange de vécus et d'hérédité, comment peut-on dire qu'une maladie mentale n'a qu'une seule cause ? On peut avoir un terrain plus ou moins sensible, encore faut-il que le contexte joue son rôle.

Et c'est justement ça qui est difficile dans les diagnostics et traitements...

Loba a écrit:... Le diagnostic a été posé il y a environ 20 ans, elle avait 60 ans mais une fois que ce diagnostic est fait, on a fait des liens avec des histoires qui se sont produit dans le passé, et même la façon dont elle m'a élevée.
Suite à un accompagnement psy, j'ai pris conscience que la façon dont elle s'est occupée de moi dans mon enfance pouvait être en lien avec une psychose existante, sachant que les parents psychotiques sont souvent de très bon parents pour les petits enfants car l'enfant représente une continuation d'eux même.
Ce qui fait que sans nul doute, j'ai reçu beaucoup d'amour. Mais en même temps l'autorisation de grandir ne m'a pas été accordée car c'est une option qui n'existait pas dans la tête de ma mère.

Je me reconnais dans tes propos. Une mère aimante mais paranoïaque hyperprotectrice et étouffante qui m'a enseigné que les gens étaient mauvais, en particulier les femmes, toutes vénales. Je suis passé à côté d'une partie de ma vie à cause de ses peurs. Elle nous a isolés puis m'a quitté.

Psycholive a écrit:... elle disait que des caméras la surveillaient en permanence...

Pas les caméras. Les personnes derrière les écrans.

Happy67 a écrit:

Loba a écrit:... Le diagnostic a été posé il y a environ 20 ans, elle avait 60 ans mais une fois que ce diagnostic est fait, on a fait des liens avec des histoires qui se sont produit dans le passé, et même la façon dont elle m'a élevée.
Suite à un accompagnement psy, j'ai pris conscience que la façon dont elle s'est occupée de moi dans mon enfance pouvait être en lien avec une psychose existante, sachant que les parents psychotiques sont souvent de très bon parents pour les petits enfants car l'enfant représente une continuation d'eux même.
Ce qui fait que sans nul doute, j'ai reçu beaucoup d'amour. Mais en même temps l'autorisation de grandir ne m'a pas été accordée car c'est une option qui n'existait pas dans la tête de ma mère.

Je me reconnais dans tes propos. Une mère aimante mais paranoïaque hyperprotectrice et étouffante qui m'a enseigné que les gens étaient mauvais, en particulier les femmes, toutes vénales. Je suis passé à côté d'une partie de ma vie à cause de ses peurs. Elle nous a isolés puis m'a quitté.

Effectivement, vu comme ça, ça peut ressembler...

Cependant, c'est nous qui sommes censés quitter nos parents avant que ceux-ci nous quittent, c'est ça qui est dans l'ordre des choses. Quand une relation basée sur une dérive psychiatrique se crée, la relation n'est plus équilibrée.

Et les conséquences sont énormes, tu le vois bien.
Moi quand je disais que ma mère ne voulait pas que je grandisse, ça a eu des effets incroyable : j'ai eu une puberté très tardive à plus de 16 ans, et je n'ai pas grandit en taille. Par chance, mon organisme (sans doute par l'intermédiaire de mon esprit) a lutté contre cet étouffement et j'ai continué à grandir de 1 cm par an jusqu'à l'âge de 25 ans, ce qui fait que j'ai une taille normale.

Aujourd'hui, je sais ce qu'il en est et je sais que cette façon de m'élever a été abusive, mais pour autant, je ne lui en veux pas : on ne peut pas en vouloir à quelqu'un pour une maladie.

Aujourd'hui, en plus de la paranoïa, elle a des pertes de mémoires et son maintien à domicile devient compliqué, mais je fais tout ce que je peux pour que ça dure le plus longtemps possible, entre autre l'appeler 2 fois par jour pour lui faire penser à s'alimenter.

Je ne suis pas sur une quelconque rancœur, mais je suis bien contente d'avoir posé des mots sur les choses.

Loba a écrit:... Aujourd'hui, je sais ce qu'il en est et je sais que cette façon de m'élever a été abusive, mais pour autant, je ne lui en veux pas : on ne peut pas en vouloir à quelqu'un pour une maladie.

Je vais tâcher de m'en souvenir