À quoi servent les rêves?
Michel Jouvet - Nous n'avons pas de réponses prouvées, mais les scientifiques adorent les hypothèses. Ce que nous savons aujourd'hui, c'est que les oiseaux et les mammifères ont une phase de sommeil paradoxal, mais que les animaux à sang froid, poissons et reptiles, n'en ont a priori pas. Cette phase de sommeil paradoxal se manifeste pendant toute la vie, parfois même in utero pour certaines espèces, avec des signes identifiables chez l'homme: une forte activité du cerveau, un relâchement complet des muscles, alors que les yeux sont en mouvement rapide, une érection systématique. Pourquoi ce phénomène? Je raconte dans mes Mémoires* que le 6 avril 1983, j'avais introduit ma propre hypothèse au Salk Institute en rappelant, sur le ton humoristique, que le sujet du rêve avait été le domaine des imposteurs. Toutes les religions, des gourous, Freud ou Jung, avaient affirmé ou inventé des concepts sans les prouver. Il n'y avait donc pas de raison pour que je coupe à cette tradition en devenant un «imposteur neuro-biologique». Ma théorie est que le sommeil paradoxal, génétiquement programmé, permettrait une reprogrammation neurologique pour préserver, chez l'individu, l'hérédité psychologique à la base de sa personnalité. Mais d'autres chercheurs pensent qu'il agit comme une sorte de purge du cerveau, ou qu'il joue un rôle pour l'entretien de la mémoire, qu'il permet simplement de réguler les autres phases de sommeil… Pour Freud, qui ne connaissait pas le sommeil paradoxal, le rêve est la manifestation de désirs refoulés; pour Jung, c'est une expression directe de l'inconscient.
Nos rêves ont-ils un sens caché?
Scientifiquement, je ne peux pas l'affirmer, mais j'ai toujours porté une grande attention à mes rêves. Une nuit, j'ai rêvé du mot «dimple», comme un sigle des secrets du sommeil paradoxal que nous essayions de découvrir. Je me demandais ce que cela pouvait signifier. Et puis un jour, un assistant m'a rappelé qu'en anglais, cela voulait dire «fossette». Plus tard, au Japon, un chercheur m'a montré une partie du cerveau qu'on appelle «le pont». J'y ai identifié deux fossettes et j'ai procédé, sans trop savoir pourquoi, à leur lésion, ce qui m'a permis de découvrir la singularité de ce stade du sommeil si particulier.
Michel Jouvet - Nous n'avons pas de réponses prouvées, mais les scientifiques adorent les hypothèses. Ce que nous savons aujourd'hui, c'est que les oiseaux et les mammifères ont une phase de sommeil paradoxal, mais que les animaux à sang froid, poissons et reptiles, n'en ont a priori pas. Cette phase de sommeil paradoxal se manifeste pendant toute la vie, parfois même in utero pour certaines espèces, avec des signes identifiables chez l'homme: une forte activité du cerveau, un relâchement complet des muscles, alors que les yeux sont en mouvement rapide, une érection systématique. Pourquoi ce phénomène? Je raconte dans mes Mémoires* que le 6 avril 1983, j'avais introduit ma propre hypothèse au Salk Institute en rappelant, sur le ton humoristique, que le sujet du rêve avait été le domaine des imposteurs. Toutes les religions, des gourous, Freud ou Jung, avaient affirmé ou inventé des concepts sans les prouver. Il n'y avait donc pas de raison pour que je coupe à cette tradition en devenant un «imposteur neuro-biologique». Ma théorie est que le sommeil paradoxal, génétiquement programmé, permettrait une reprogrammation neurologique pour préserver, chez l'individu, l'hérédité psychologique à la base de sa personnalité. Mais d'autres chercheurs pensent qu'il agit comme une sorte de purge du cerveau, ou qu'il joue un rôle pour l'entretien de la mémoire, qu'il permet simplement de réguler les autres phases de sommeil… Pour Freud, qui ne connaissait pas le sommeil paradoxal, le rêve est la manifestation de désirs refoulés; pour Jung, c'est une expression directe de l'inconscient.
Nos rêves ont-ils un sens caché?
Scientifiquement, je ne peux pas l'affirmer, mais j'ai toujours porté une grande attention à mes rêves. Une nuit, j'ai rêvé du mot «dimple», comme un sigle des secrets du sommeil paradoxal que nous essayions de découvrir. Je me demandais ce que cela pouvait signifier. Et puis un jour, un assistant m'a rappelé qu'en anglais, cela voulait dire «fossette». Plus tard, au Japon, un chercheur m'a montré une partie du cerveau qu'on appelle «le pont». J'y ai identifié deux fossettes et j'ai procédé, sans trop savoir pourquoi, à leur lésion, ce qui m'a permis de découvrir la singularité de ce stade du sommeil si particulier.
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