Bonne idée d'avoir ouvert ce sujet Dosette qui nous concerne toutes les deux
et sur lequel on a discuté par MP
titre accrocheur
Dosette dit :
Ahhhhh bah je suis comme toi, je parle TROP, mais c'est parce que je suis mal à l'aise, j'ai besoin de comblé le vide, de ne pas laisser le blanc s'installer.
Elia répond :
ce que tu dis là
je cite )
Ahhhhh bah je suis comme toi, je parle TROP, mais c'est parce que je suis mal à l'aise, j'ai besoin de combler le vide, de ne pas laisser le blanc s'installer. ça m'intéresse bcp :
moi c'est exactement ça .. et j'en souffre bcp je travaille avec la psy
mais je n'avance pas
c'est tout à fait ça ! :
je suis incapable de supporter le silence quand les autres sont là ..je me crois obligée de combler le vide , je finis par trop parler dire des choses que je ne devrais pas dire en plus !!
les gens qui ne parlent pas m'angoissent un max !! pale
j'ai aussi toujours qq chose à dire sur plein de sujets
je suis curieuse et m'intéresse à plein de choses
et puis je suis capable de parler sur un sujet même qui ne m'intéresse pas
mais qui intéresse l'autre c'est fou
mon mari parle peu - en plus il est âgé et presque sourd mais ce n'est pas à cause de ça !
avant de le connaître j'étais déjà comme ça !
Elève j'étais bavaaaarde ..
mais tu sais quoi
Dosette ? je crois que nous sommes bonnes en langues à cause de ça ::
tu veux causer ?? bein ma cocotte tu apprends la langue de l'autre ..pas le choix
ça m'interesserait de parler de ça avec toi car moi j'en souffre bcp
je me vois ridicule
je me dis : les autres pensent que je souffre de solitude , d'affection , d'attention
alors que non c'est juste ce malaise qui fait que le silence des autres
non ...pas le silence des autres ! mais le silence entre les autres et moi qui m'angoisse des fois chez des gens je me force à compter jusqu'à dix avant de parler
ou je me force à fixer un tableau un truc ds l'appart en ne disant rien
ou je fais aussi le décompte de mes interventions et de celles de l'autre qui doivent être équilibrées
ou je vois que je vais rencontrer qq'un .. je dis 5 minutes chrono et après tu pars
et si q'un me dit : je ne m'ennuie pas mais je dois y aller
immédiatement je dis oui et pars sur le champ car ça me rend malade
car je me dis : si on te dit ça ça y'est tu t'es encore montrée trop bavarde , t'as saoûlé
je vis ça très mal
tiens c'est la 1º fois que je rencontre q'un qui a ce même problème
ça fait du bien d'en parler
Dosette répond :
Ca me fait un bien fou de lire tes mots. J'ai toujours pensé que j'étais à part mais non en fait...
Et exactement comme toi, je peux parler de tout et n'importe quoi. Une amie proche me dit que c'est un don :on peut me présenter n'importe qui, je vais m'intéresser au sujet, pouvoir en parler, poser des questions même si le sujet c'est la culture des épinards. Je ne peux pas m'en empêcher.
Oh la la le "c'est pas que je m'ennuie mais je dois y aller". Bah moi c'est ce que je dis quand je veux partir vite. Quand on me le dit, ça me brise le cœur... Je me dit voilà j'ai trop parlé, j'ai soûlé, exactement comme toi.
MOi ça remonte à l'enfance. Ma mère me laissait m’épanouir sans souci mais pas mon père et sa famille qui nous étouffait, ils étaient tout le temps là et du coup eh bah je n'avais pas le droit de parler, de rire, de bouger, c'était un enfer, on étouffait mes besoins primaires d'enfant. Et encore j'étais sage parce que mes deux cousins ont été salement battu jusqu'à 15/16 ans (quand ils sont pu redonner les coups) parce qu'ils étaient plus turbulents.
Je crois que bien que je sois bien dans mes baskets aujourd'hui, j'ai encore peur de laisser les gens avoir le temps de réfléchir à ce qu'il pense de moi alors je ne laisse pas une seconde de répit. Je paaaaaaarle je parle je parle ! Je m'améliore je le sens mais c'est dur. Quand je voyage en tête à tête avec mon patron c'est un calvaire, on est tous les deux comme ça, et du coup ça fait des moments gênants où chacun comble comme il peut mais sans vouloir couper la parole de l'autre lol Mais on se pratique depuis bientôt deux ans et ça va mieux.
J'ai la sensation que je rattrape le temps perdu à devoir écouter les autres et à ne pas avoir le droit de parler et aussi comme cette famille était malveillante et c'était des gens qui ruminait beaucoup, se montaient la tête tout seuls plutôt que de communiquer, j'ai besoin de ne laisser aucune part de doute aux gens, ils doivent savoir ce que j'ai en tête. Sauf que plutôt que d'avoir une conversation agréable (au début ça l'est) ça se transforme en fouilli généralisé. Je passe du coq à l'âne sans m'en rendre compte, je m'épuise même toute seule. Même quand j'écris mes petites fictions, je relis parfois parfois et me rend compte que les dialogues n'en finissent plus.
Est-ce que lorsqu'il était plus jeune ton mari était bavard ou pas du tout ? Moi c'est drôle M. Dosette est timide, peu sûr de lui et très secret. Moi maintenant je le connais bien donc avec moi l parle beaucoup, il fait le pître mais la première fois qu'on le rencontre on a l'impression de déranger. c'est tout l'inverse de moi lol
Pour les langues tu as raison !! A mon avis c'est notre besoin de communiquer qui nous rend bonnes.
Et d'où vient cette nécessité de surcommunication ?
C'est ce que l'on doit creuser. Moi je pense que j'ai besoin d'attention, besoin que l'on remarque que je suis cultivée et pas idiote alors que ma famille toxique m'a tjs faite passer aux yeux des gens pour une personne un peu simple d'esprit alors je veux prouver aux gens que non.
Ils ne me connaissent pas et savent que ce que je veux bien leur diffuser comme info. Et d'ailleurs je ne les verrai plus comme j'ai dit. J'attends que mon père soit placer et je vais changer de numéro, je ne veux plus rien faire avec eux. Pis je suis trop "bête" pour fréquenter des gens aussi bien qu'eux.
A l'école aussi j'étais élève peu attentive et bavarde mais j'étais bonne quand même. Pas désagréable ni trop insolante, j'avais juste besoin de me montrer.
Un jour, la psy m'a dit que c'est comme si je prenais les silence comme un "mais tais-toi donc" de la soeur de mon père qui ne voulait jamais que je parle.
Si le silence vient dans la conversation, je dois inconsciemment revenir à l'état de petite fille qui n'avait pas sa place et dont l'avis ne comptait pas...
Ce besoin de combler les blancs marque peut-être ce besoin de montrer que j'existe, que je suis là, peut-être qu'au fond malgré le fait que je sois heureuse et épanouie, je ne suis pas encore à 100% bien dans ma peau. Je n'ai que 30 ans et cette sérénité de vivre je ne la ressens pas depuis très longtemps.
Avant j'accordais beaucoup trop d'importance à ce que pensaient les gens autour de moi. Je devais toujours faire ci ou ça, comme ça, dire les choses comme ça, penser ça, etc etc... Et depuis que j'ai quitté Paris et que je vis loin de la famille de mon père, je revis. Je m'habille comme j'aime, je me maquille, je porte les bijoux que je veux, je fais mon marché, je mange ce que je veux.
Quand j'étais à Paris, j'étais hyperphage (en gros boulimie non vomitive) je suis montée à 142 kg. Je m'auto détruisais car en fait manger était la seule chose qu'ils ne pouvaient pas m'empêcher de faire, je fumais aussi, je buvais trop. Depuis que je vis ici, je suis ultra gourmande mais je ne fais plus de crise, je bois mille fois moins et je ne fume plus. Je père environ 86 kg, je suis en fait, celle que j'ai toujours voulu être. Comme si j'étais sortie de mon cocon. et encore cocon n'est pas le mot car c'est trop douillet. J'étais en prison...
Je revis. Je suis si heureuse d'avoir ouvert les yeux sur la beauté de la vie.
Je relis ton message et je souris tendrement, on se ressemble sur bien des points : je compte mentalement avant de reparler, je fais toujours en sorte que chacun ait son temps de parole. Je m'entraîne sur M. Dosette.
Elia répond je cosigne les 3/4 de ce que tu écris !
( sauf pour la bouffe ..moi je serais pluss à pas manger - j'ai fait de l'anorexie étant bébé )
..je crois que j'ai écris qq part comment j'ai avancé sur ce point en me libérant de l'obligation de manger avec les autres car manger avec les autres recrée le même malaise : =) je mange ou je fume .
.le pire c'est le téléphone impossible d'être au téléphone sans fumer ) je déteste les restau je ne tiens pas en place sur ma chaise
pour mon enfance -parce que cela remonte toujours à l'enfance !!!- on ne m'empêchait pas de parler .. (toute petite j'étais très sauvage je ne voulais même pas dire bonjour à mes grand parents puis j'ai découvert l'école les copines et là je me suis mise à parler)
mais mon père contredisait tout le temps tout imposait ses idées et sinon entrait ds des colères noires et violentes
mon père lui en tant qu'artiste et genre mai 68 ds les années 50 début 60 ..ça attirait plein de jeunes en recherche de ce style et tous les jours il y avait des gens qui venaient écouter le gourou : des artistes , des jeunes paumés , des curés ( enfance atypique comme tu vois )
mon père était à la fois flatté mais comme nerveux et dépressif ours il ne supportait pas ces visites
alors souvent on partait promener surtout le dimanche
ou souvent on était enfermés ds la maison et si ça sonnait c'était l'ordre de ne faire aucun bruit . On guettait pour voir si les gens partaient
l'Autre était vu comme intrusif .. ma mère qui savait que mon père allait être mal et se vengerait après par des crises sur nous - ne faisait aucun effort pour servir à boire au gens ou les laisser debout
j'en ai gardé une honte ..
mon père en est arrivé à scier les 2 pattes avant des chaises et fauteuils pour que les gens mal assis partent plus vite ..
j'ai gardé donc l'idée que l'autre s'imposait , dérangeait ... pourtant quand qq'un vient je reçois très bien je mets les petits plats ds les grands tout en espérant qu les gens s'en aillent ..
je ressens bcp de ce que tu dis même si au départ les données sont un peu différentes
ce qui est stupide est que j'ai à la fois besoin de contacts et ne les supporte pas scratch
je parle pour cacher l'angoisse et les gens croient que j'aime parler
Comme toi je suis capable de parler de sujets comme la culture des épinards ..c'est fou !!
un jour j'ai un peu pris conscience de ça quand j'ai eu une collègue prof qui parlait mais tout le temps tout le temps 10 fois pire .. faire le trajet en bus avec elle était une torture ..impossible d'en placer une .
j'ai dû mettre un répondeur ( c'était le début des répondeurs années 90 ) car c'était la diarrhée verbale des heures
j'ai vu le spectacle lamentable que cela donnait ..l'envie de fuir et j'ai pensé que je devais aussi me calmer
ça aussi c'est totalement moi :
j'ai besoin de ne laisser aucune part de doute aux gens, ils doivent savoir ce que j'ai en tête. Sauf que plutôt que d'avoir une conversation agréable (au début ça l'est) ça se transforme en fouillis généralisé. Je passe du coq à l'âne sans m'en rendre compte, je m'épuise même toute seule.
pour ce qu'a dit ta psy :
Un jour, la psy m'a dit une c'est comme si je prenais les silence comme un "mais tais-toi donc" je pense que c'est tout à fait ça pour toi vue ton enfance .. une revanche sur ces années emmurée
moi je ne crois pas le tais toi donc je me le dis à moi plutôt
non c'est la peur du silence de l'autre
je ne sais pas pourquoi je me crois obligée de parler
Pourquoi???
j'ai rompu avec une amie qui m'appelait ne disait rien mais ne raccrochait pas...
alors comme avec les gosses je posais des questions ou racontais n'importe quoi ou finissais par mentir en disant : je dois faire ça ou ça
les gens qui ne disent rien m'angoissentDosette si on nous mettait ensemble ça serait dingue
Il y a aussi un peu de déformation professionnelle :
quand tu es prof tu DOIS parler sinon tout s'arrête ... si silence des élèves ==) vite vite chercher l'idée de la question qui va relancer l'activité orale
37 ans comme ça ça déforme aussi
Mon mari n'est pas un bavard mais quand on se disputait ( maintenant avec sa surdité il fait celui qui n'entend pas ou comprend pas ..ça coupe net ) on pouvait s'engueuler des heures !!
j'ai donc peaufiné mon espagnol à fond car là il se fichait de savoir si telle ou telle nuance m'avait échappée mais c'était usant car en plus il a un super niveau en espagnol vu qu'il est surdiplômé en anglais et espagnol littéraires ..
maintenant on parle très peu et c'est mieux ..
Dosette dit :
Et d'où vient cette nécessité de sur-communication ? C'est ce que l'on doit creuser. Moi je pense que j'ai besoin d'attention, besoin que l'on remarque que je suis cultivée et pas idiote
Elia dit : ce n'est pas mon cas là je n'ai pas ce besoin .. je n'ai rien à prouver mais j'ai des idées sur tout ( même la culture des épinards qui ...finalement ne sont pas tellement chargés de fer mais qui sont bons pour la santé car manger des légumes verts c'est important et comme je suis VGtarienne
je dois veiller à ce que je mange mais j'adore les épinards quand j'étais petite à la cantine je mangeais tout le plat car les copines n'en voulaient pas etc etc.. et voilà c'est parti! voilà le genre )
un jour mon mari m'a dit : toi tu n'aimes pas parler avec les gens mais parler tout court
et paf ds la figure -pas faux
( en plus il est jaloux quand je donne du temps aux autres )