C'est effectivement le sens qu'on lui attribue Elia.
Un célèbre psychanalyste, Bruno Bettelheim (1903-1990) est allé encore plus loin dans l'analyse de ce conte, je n'en livrerai pas les détails ici mais c'est assez particulier... Dans son best seller "Psychanalyse des contes de fées", il passe de nombreux contes au filtre de ses analyses (essentiellement freudiennes), et en décortique chaque détail.
Ah oui Romain je confirme, quand j'étais enfant on me racontait souvent ces histoires (surtout parce qu'ils sont provençaux), nous avions le livre d'Alphonse Daudet "Les lettres de mon moulin", et de temps à autres j'avais droit à l'un de ces récits. J'avoue que "La chèvre de monsieur Seguin" me touchait beaucoup, il est tellement triste... Sans l'être vraiment !
Parce qu'au fond, que transmet cette histoire ?
La chèvre et le loup sont personnifiés, donc ce sont des substituts symboliques des êtres humains (comme dans les fables de la fontaine), ils sont "humanisés" en quelques sortes, afin que l'enfant les reconnaissent comme étant moralement impliqués. Pourquoi moralement ? Parce que la chèvre blanquette, est courageuse, elle se battra jusqu'à la mort, et elle le dit au loup ! Elle incarne le courage et l'abnégation (valeurs importantes pour l'édification des repères éthiques dans l'esprit de l'enfant). Le loup lui ne fait aucune concession, il incarne les aléas de l'existence, les obstacles, parfois mortels, dont il faut surmonter les enjeux, quitte à y passer du temps. D'ailleurs dans l'histoire l'auteur nous dit que la chèvre à lutté toute la nuit contre le loup avec courage...
Mais, parce qu'il y a un mais, Blanquette incarne aussi une sorte d'audace mal mesurée, elle était pourtant prévenue, les autres chèvres de monsieur Seguin avaient été toutes aussi téméraires qu'elles, et elles l'avaient payé de leur vie. Donc l'enfant mesure le pour et le contre : oui il faut être courageux, parfois il faut savoir prendre des risques, mais pas n'importe comment et pour n'importe quoi !
Mais c'est mon point de vue, si je choisis de l'analyser en utilisant un outil plus "psychanalytique" je peux y percevoir autre chose.
En effet Hilda ! On ne s'en est pas trop mal sortis !
Je me souviens de tout cela, je le regardais aussi...
Ce qui compte c'est que les récits impliquent des "gentils" et des "méchants", parce que l'enfant a besoin de ces repères manichéens et sans nuance pour se structurer, se situer. Ce n'est que plus tard qu'il apprend (consciemment) que les personnages sont plus subtils, et moins monolithiques.
Et les stades de maturation du cerveau entre aussi en ligne de compte...