En 1850, les îles Marquises avaient été désignées comme lieu de déportation.
La loi de mars 1872 et le décret du 31 mai leur ont substitué la Nouvelle-Calédonie, la presqu'île Ducos étant affectée aux condamnés en enceinte fortifiée et l'île des Pins, ainsi que l'île Maré, à la déportation simple (cette dernière île n'a pas été utilisée).
La Nouvelle-Calédonie, possession française depuis 1853, avait reçu ses premiers condamnés aux travaux forcés en 1864.
La volonté de peuplement du territoire par des métropolitains était constitutive de la décision d'ouverture de ces nouveaux bagnes coloniaux. L'encouragement fait aux condamnés de la Commune de se faire accompagner de leur famille n'a été que le prolongement de cette volonté première.
Le transport des déportés, comme celui des droits communs, s'est toujours effectué dans des conditions matérielles similaires à celles décrites par Louise Michel. Tous les condamnés qui ont témoigné sur ce voyage, tant vers la Nouvelle-Calédonie que vers la Guyane, quel que soit le type de bâtiment utilisé, ont insisté sur la nourriture pauvre, sur la promiscuité et les conditions matérielles pénibles, sur les rigueurs de la discipline avec, notamment, l'interdiction de parler aux gardiens. Le pouvoir de la parole des déportés, à l'égard du personnel de surveillance en particulier, est resté un souci majeur des pouvoirs publics essentiellement par crainte d'un effet de contagion des idées ainsi que par suspicion de tentatives de corruption.
Ces duretés doivent cependant être relativisées. Le faible nombre des morts, au cours de traversées alors fort longues, témoigne de contraintes qui, pour être réelles, restaient relativement banales pour l'époque. Les navires fonctionnaient encore en partie à la voile; ils étaient de taille réduite et la longueur des voyages imposait un chargement d'eau et de vivres, dont des animaux sur pied, en grande quantité et occupant un volume non négligeable à bord, ce qui restreignait l'espace pour les hommes. En route vers la Nouvelle Calédonie, trois jours étaient généralement nécessaires pour effectuer ces embarquements lors de la halte à Dakar. Par crainte d'évasions ou de suicides, certains capitaines avaient fait grillager les sabords des batteries réservées aux condamnés ce qui limitait la circulation de l'air; sous le poids des vivres embarqués en Afrique, ces mêmes sabords devaient être fermés dans les batteries basses, la ligne de flottaison des bâtiments étant alors considérablement surbaissée.
L'emploi des machines dans les calmes provoquait une élévation importante de la température dans les batteries, sous des latitudes où la chaleur est toujours forte. Le scorbut était redouté.
Le passage dans les eaux glaciales de l'hémisphère sud s'assortissait de toux et d'engelures auxquelles de l'huile de foies de poisson apportait un apaisement.
Exception faite des contraintes spécifiques à la condamnation, avec, en particulier une limitation des temps de sortie à l'air libre, le sort matériel des marins était pénible et peu enviable, la discipline très stricte et la nourriture identique à celle des condamnés, prise, pour les uns comme pour les autres, par plats, c'est à dire par groupes de dix hommes utilisant simultanément un récipient commun.
Les rigueurs de la traversée étaient ressenties d'autant plus profondément par les déportés qu'ils étaient en contact avec des marins dont certains avaient participé à la prise de Paris, ils étaient humiliés, vaincus, affaiblis physiquement et moralement par une longue période de détention préalable, séparés de leur famille, condamnés à ne pas revenir en France.
Le voyage était arrachement au sol natal et à eux-mêmes. Si certains ont vu dans le départ un pas vers une vie nouvelle et s'ils ont demandé à leur famille de les suivre dans la colonie, la majorité n'a pas eu cette attitude.
La consultation des dossiers individuels des condamnés, et des journaux de bord des bâtiments montre, au cours de la traversée, une attitude générale qualifiée de "soumise", ce qui n'a pas empêché quelques éléments de se faire remarquer soit pour des infractions aux règlements du bord, telles que l'interdiction de fumer dans les batteries, bagarres ou attitude jugée "hautaine" à l'égard de la surveillance, soit pour avoir manifesté une volonté de poursuivre une démarche politique par des écrits ou des propos.
L'arrivée délivrait du mal de mer et de la promiscuité devenue plus pénible au fil des semaines. A cela s'ajoutait la découverte d'une terre agréable à voir et d'un climat jugé plaisant a priori, contrastant avec la chaleur torride des eaux africaines et le froid des mers constellées de "banquises", noyées dans les brouillards australs obligeant à l'emploi de la corne de brume parfois plusieurs jours de suite , et la neige.
La joie se manifestait d'autant que les retrouvailles avec d'anciens compagnons survenaient alors. La satisfaction était de courte durée, anéantie par le constat des conditions de vie précaires, par les tracasseries, voire la brutalité de la surveillance, par le temps considérable nécessaire aux échanges épistolaires avec la métropole, par la pensée toujours présente de ceux laissés au loin et, pour les plus politisés, par le souvenir de l'échec de la Révolution et de sa répression féroce.
Sur place, les premiers déportés, tant à la presqu'île Ducos qu'à l'île des Pins, ont eu à construire eux-mêmes leurs logements et abris, rien n'étant prêt pour les recevoir.
Il n'existait pas, en effet, de "forteresse" à la presqu'île Ducos et les proscrits y ont généralement été laissés dans un état de semi-liberté que les récits de Louise Michel nous permettent parfaitement de découvrir.
La loi de mars 1872 et le décret du 31 mai leur ont substitué la Nouvelle-Calédonie, la presqu'île Ducos étant affectée aux condamnés en enceinte fortifiée et l'île des Pins, ainsi que l'île Maré, à la déportation simple (cette dernière île n'a pas été utilisée).
La Nouvelle-Calédonie, possession française depuis 1853, avait reçu ses premiers condamnés aux travaux forcés en 1864.
La volonté de peuplement du territoire par des métropolitains était constitutive de la décision d'ouverture de ces nouveaux bagnes coloniaux. L'encouragement fait aux condamnés de la Commune de se faire accompagner de leur famille n'a été que le prolongement de cette volonté première.
Le transport des déportés, comme celui des droits communs, s'est toujours effectué dans des conditions matérielles similaires à celles décrites par Louise Michel. Tous les condamnés qui ont témoigné sur ce voyage, tant vers la Nouvelle-Calédonie que vers la Guyane, quel que soit le type de bâtiment utilisé, ont insisté sur la nourriture pauvre, sur la promiscuité et les conditions matérielles pénibles, sur les rigueurs de la discipline avec, notamment, l'interdiction de parler aux gardiens. Le pouvoir de la parole des déportés, à l'égard du personnel de surveillance en particulier, est resté un souci majeur des pouvoirs publics essentiellement par crainte d'un effet de contagion des idées ainsi que par suspicion de tentatives de corruption.
Ces duretés doivent cependant être relativisées. Le faible nombre des morts, au cours de traversées alors fort longues, témoigne de contraintes qui, pour être réelles, restaient relativement banales pour l'époque. Les navires fonctionnaient encore en partie à la voile; ils étaient de taille réduite et la longueur des voyages imposait un chargement d'eau et de vivres, dont des animaux sur pied, en grande quantité et occupant un volume non négligeable à bord, ce qui restreignait l'espace pour les hommes. En route vers la Nouvelle Calédonie, trois jours étaient généralement nécessaires pour effectuer ces embarquements lors de la halte à Dakar. Par crainte d'évasions ou de suicides, certains capitaines avaient fait grillager les sabords des batteries réservées aux condamnés ce qui limitait la circulation de l'air; sous le poids des vivres embarqués en Afrique, ces mêmes sabords devaient être fermés dans les batteries basses, la ligne de flottaison des bâtiments étant alors considérablement surbaissée.
L'emploi des machines dans les calmes provoquait une élévation importante de la température dans les batteries, sous des latitudes où la chaleur est toujours forte. Le scorbut était redouté.
Le passage dans les eaux glaciales de l'hémisphère sud s'assortissait de toux et d'engelures auxquelles de l'huile de foies de poisson apportait un apaisement.
Exception faite des contraintes spécifiques à la condamnation, avec, en particulier une limitation des temps de sortie à l'air libre, le sort matériel des marins était pénible et peu enviable, la discipline très stricte et la nourriture identique à celle des condamnés, prise, pour les uns comme pour les autres, par plats, c'est à dire par groupes de dix hommes utilisant simultanément un récipient commun.
Les rigueurs de la traversée étaient ressenties d'autant plus profondément par les déportés qu'ils étaient en contact avec des marins dont certains avaient participé à la prise de Paris, ils étaient humiliés, vaincus, affaiblis physiquement et moralement par une longue période de détention préalable, séparés de leur famille, condamnés à ne pas revenir en France.
Le voyage était arrachement au sol natal et à eux-mêmes. Si certains ont vu dans le départ un pas vers une vie nouvelle et s'ils ont demandé à leur famille de les suivre dans la colonie, la majorité n'a pas eu cette attitude.
La consultation des dossiers individuels des condamnés, et des journaux de bord des bâtiments montre, au cours de la traversée, une attitude générale qualifiée de "soumise", ce qui n'a pas empêché quelques éléments de se faire remarquer soit pour des infractions aux règlements du bord, telles que l'interdiction de fumer dans les batteries, bagarres ou attitude jugée "hautaine" à l'égard de la surveillance, soit pour avoir manifesté une volonté de poursuivre une démarche politique par des écrits ou des propos.
L'arrivée délivrait du mal de mer et de la promiscuité devenue plus pénible au fil des semaines. A cela s'ajoutait la découverte d'une terre agréable à voir et d'un climat jugé plaisant a priori, contrastant avec la chaleur torride des eaux africaines et le froid des mers constellées de "banquises", noyées dans les brouillards australs obligeant à l'emploi de la corne de brume parfois plusieurs jours de suite , et la neige.
La joie se manifestait d'autant que les retrouvailles avec d'anciens compagnons survenaient alors. La satisfaction était de courte durée, anéantie par le constat des conditions de vie précaires, par les tracasseries, voire la brutalité de la surveillance, par le temps considérable nécessaire aux échanges épistolaires avec la métropole, par la pensée toujours présente de ceux laissés au loin et, pour les plus politisés, par le souvenir de l'échec de la Révolution et de sa répression féroce.
Sur place, les premiers déportés, tant à la presqu'île Ducos qu'à l'île des Pins, ont eu à construire eux-mêmes leurs logements et abris, rien n'étant prêt pour les recevoir.
Il n'existait pas, en effet, de "forteresse" à la presqu'île Ducos et les proscrits y ont généralement été laissés dans un état de semi-liberté que les récits de Louise Michel nous permettent parfaitement de découvrir.